En statistique, contrairement à ce que l'on pourrait croire, le chiffre ne vaut pas grand-chose.

D'abord, parce que le chiffre est souvent parfaitement instable : ainsi, les chiffres du PIB, comme ceux du chômage, sont constamment réévalués et modifiés. Il ne sert donc à rien, par exemple, de conserver une série dans son disque dur puisque l'institut statistique qui la produit la change totalement à chaque publication en fonction de nouvelles données arrivées ou parce que la base ou moyenne qui lui sert de référence évolue elle aussi.
Ensuite, parce que le chiffre est très souvent "à la louche", comme par exemple dans les sondages dont chacun connaît désormais les marges d'erreur. Or une grande partie des statistiques économiques sont en fait issues de sondages, puisque les décideurs veulent savoir ce qui se passe avant que les vrais chiffres remontent, ce qui prend généralement des mois voire des années.
L'important n'est donc pas le chiffre en soi mais l'évolution par rapport aux chiffres précédents, c'est-à-dire la tendance. On évitera ainsi de trop garnir en chiffres (si possible sans décimales) les représentations graphiques. On se limitera à faire figurer ceux qui donnent un ordre d'idée : le dernier chiffre, le plus bas, le plus haut.
Alan Smith, directeur infographie au Financial Times et auteur du livre Infographix, rappelle :
"Le rôle crucial de l’infographie est de traduire des données souvent complexes et instables en une forme visuelle claire, révélant des tendances et des évolutions plutôt que de figer des chiffres bruts. L’infographie est un langage visuel, une interprétation intelligente qui aide à comprendre, plutôt qu’une simple reproduction mécanique de données."
Et si une tendance est décelable, on fera de son mieux pour l'accentuer et la rendre évidente au premier regard, ce qui est justement le but de toute représentation graphique.